Choquant ! Les canards restent dans l'élevage
L’indignation ne suffit pas, place aux actes
Quand j’ai vu l’état de cet élevage de canards reproducteurs utilisés pour le foie gras, je me suis dit : « Ce n’est pas possible, ce site est à l’abandon ».
En 15 ans d’enquêtes, je n’ai jamais vu une situation pareille ! Mais non, cet élevage est bel et bien en fonctionnement. Les canards sont nourris et ils survivent tant bien que mal au milieu des cadavres en décomposition, des rats et des déjections, le tout avec un air irrespirable et une lumière allumée 24h/24 qui ne leur laisse aucun repos.
L'horreur à l'état brut
Quand vous marchez dans les allées, dans un flot immonde de déjections, vous sentez les os des canards morts craquer sous vos pieds. Partout où vous posez les yeux, vous voyez la détresse et la souffrance des canards encore en vie dans des cages grillagées, sans espace pour étendre leurs ailes. Vous voyez les corps en putréfaction, les cages rouillées et délabrées, les asticots grouiller.
En bout de ligne des cages des canards, des canes sont « stockées » là, il n’y a pas d’autre mot. Ces canes, surnommées « boute-en-train », sont passées de cage en cage pour exciter les mâles et récupérer leur sperme, qui sert à inséminer artificiellement d’autres canes. D’après notre lanceur d’alerte, celles qui subissent cet effroyable traitement n’y survivent pas plus de deux semaines.
Bâtiment fermé : bien mais insuffisant !
Une centaine d’articles et reportages ont relayé cette enquête, notamment Le Monde, Le Figaro, Libération, LCI, CNews, M6, BFM TV, France 3, Paris Match, L’Obs, Brut, et aussi le 20h de TF1 et de France 2. Tous ont souligné l’horreur vécue par les animaux.
Pourtant, face à ces images sans appel, le ministre de l’Agriculture a réagi mollement et la préfecture a seulement suspendu l'activité du bâtiment mis en cause.
À l’heure où je vous écris, les canards ont donc simplement été transférés dans un autre bâtiment, de la même exploitation ! Révoltant et inadmissible. L’exploitant ne devrait plus pouvoir détenir des animaux.
Nous allons devoir redoubler d’efforts face à un nouveau ministre qui reste sourd aux souffrances des animaux.
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Sébastien Arsac
Directeur des enquêtes
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